Conférenciers
Cette conférence vise à définir et à caractériser les recherches collaboratives entre chercheurs et acteurs du système éducatif en didactique des mathématiques. Nous formulerons les conditions qu’il apparait nécessaire de réunir afin de de favoriser pleinement la collaboration entre les acteurs : didacticiens des mathématiques et enseignants. La constitution d’une communauté de pratique, au sens de Wenger, apparait comme un élément déterminant dans l’élaboration et la mise en œuvre des expérimentations s’inscrivant dans le cadre de recherche en didactique des mathématiques. Nous rendrons compte de deux recherches collaboratives conduites dans le cadre de lathéorie des situations didactiques : l’une menée dans la cadre de l’enseignement des rationnels et décimaux au primaire en France dans plusieurs écoles primaires durant deux années (2021-2023), l’autre conduite dans le cadre de la mise en place d’un projet pédagogique innovant à l’entrée à l’université dans le but de favoriser la transition secondaire-supérieur. Abdelkrim Zaid Le contexte contemporain de l’éducation et de la formation est, depuis quelques années, marqué par des injonctions au changement et par des transformations récurrentes, qu’il s’agisse d’actions ponctuelles ou de réformes de grande envergure. Différents termes sont souvent utilisés pour désigner le changement éducatif : renouveau, transformation, évolution, recomposition, reconfiguration, transition, etc. Cela traduit vraisemblablement une hésitation à en saisir pleinement le sens. Néanmoins, malgré son caractère complexe, il est possible d’esquisser certaines figures du changement éducatif en en identifiant quelques caractéristiques : sa genèse, ses visées politiques et stratégiques, ses acteurs, ses dispositifs, etc. L’objet de cet exposé est de soumettre l’idée de changement éducatif à la réflexion et d’en discuter la prise en charge dans le champ des didactiques. En s’appuyant sur des recherches récentes consacrées à des dispositifs pédagogiques, il s’agira d’interroger des évidences qui, bien que ne se situant pas au même niveau d’analyse, concernent tant les représentations du changement éducatif que les pratiques censées en être les concrétisations. Abdelfettah NACER IDRISSI Dans les sciences humaines et sociales, la recherche s'est longtemps déployée selon une logique descendante, où les savoirs académiques produits dans les universités étaient destinés à s'appliquer à des terrains considérés comme de simples objets d'étude. Cette approche a systématiquement marginalisé les savoirs issus de l'expérience, de l'action et du vécu des acteurs de terrain. Aujourd'hui, face à la complexité croissante des enjeux sociaux, éducatifs, environnementaux et sanitaires qui exigent des approches ancrées, contextualisées et dialogiques, les limites de ce modèle traditionnel apparaissent de façon de plus en plus manifeste. C'est dans ce contexte d'interrogation que se sont développées diverses formes de recherche collaborative, également appelées recherche participative, recherche-action ou recherche-intervention. Ces approches partent du principe fondamental que les savoirs ne se construisent pas uniquement dans la sphère académique, mais dans l'interaction dynamique entre chercheurs et acteurs de terrain, à partir de leurs questions respectives, de leurs pratiques situées et de leurs savoirs complémentaires. Ces démarches impliquent bien plus qu'un simple rapprochement : elles nécessitent de repenser radicalement la place de chacun dans le processus de production de connaissance et d'interroger fondamentalement la manière dont s'articulent, se confrontent ou se nourrissent mutuellement la théorie et la pratique. Repenser cette articulation dans le cadre de la recherche collaborative soulève une série de questions fondamentales : ü Comment dépasser la séparation artificielle entre savoirs scientifiques et savoirs pratiques ? ü Comment construire ensemble des connaissances qui soient simultanément rigoureuses, situées et transformatrices ? ü Comment faire de la tension créatrice entre théorie et pratique un véritable moteur de réflexion et d'action, plutôt qu'un obstacle épistémologique ? C'est à ces enjeux cruciaux que cette communication entend répondre, en démontrant que la recherche collaborative ne se contente pas de rapprocher le chercheur du terrain : elle redéfinit en profondeur ce que signifie "produire du savoir" et invite à une transformation radicale des postures, des outils et des finalités de la recherche elle-même. Mounir OUSSIKOUM Il ne suffit plus de penser la littérature depuis une conscience isolée. La recherche en humanités, aujourd’hui, se déploie dans un espace partagé, conflictuel parfois, où le sens naît de l’échange, de la reprise, de l’interprétation à plusieurs voix. Cette communication interroge les conditions d’une production littéraire et critique conçue comme praxis collective : non plus savoir sur, mais savoir avec. Loin des modèles verticaux, il s’agira de montrer comment la critique, la traduction, l’adaptation ou encore l’enseignement deviennent des lieux de circulation du sens. Théâtre, cinéma, pratiques pédagogiques — autant de scènes où les textes se rejouent, s’éprouvent, se réinventent avec d’autres. La théorie des genres, entendue comme instrument de déplacement plutôt que de classement, permet d’éclairer cette dynamique vivante, dialogique, parfois dissensuelle. À partir d’exemples concrets issus de l’expérience universitaire, cette intervention défend une conception du savoir littéraire comme espace de co-construction, fondée sur la responsabilité partagée de produire du sens dans un monde qui le réclame, le déforme ou l’oublie. |